Ces photographies ont été réalisées à la demande de l’association E Tal Montroulez, organisatrice de manifestations destinées à promouvoir la culture maritime en baie de Morlaix. Les limites de ce reportage, entrepris d’Octobre 1983 à Mai 1984, excluaient pratiquement les activités de plaisance (dériveurs, clubs nautiques,…) Mon intérêt s’est donc porté sur les activités professionnelles liées à la mer et situées dans la baie sans intention d’en effectuer un relevé documentaire et exhaustif. Je souhaite que ce reportage marque le temps présent dans le patrimoine iconographique de la baie afin d’en garder la mémoire.
A travers un canevas d’activités recensées, la curiosité et la chaleur des contacts m’ont poussé de chaque côté de la baie, sur les grands sabliers comme sur les petits dragueurs, pour en ramener ces rectangles de papiers où je tente de ramasser mes étonnements, mes émotions.
Des noirs, des blancs et surtout des gris sculptant des masses et des lignes dans la matière première de la vie : l’état brut de la photographie.
En découpant l’espace, en arrêtant le geste, l’image fixe n’est plus seulement une vision stoppée, fugitive de la réalité mais devient une Carte du Tendre de l’imaginaire. On passe derrière le rideau rouge, dans les coulisses là où, sous le masque antique du héros, on perçoit la sueur de l’acteur. Les coulisses du spectacle, l’envers du décor, la pensée plus que la parole : voilà sans doute ce que je poursuis, ce que je cherche à mettre dans mes images, avec les moyens photographiques, à travers un geste cent fois répété, un désir esquissé sur un visage, une inquiétude ridant un front, un sourire dessiné sur une bouche ?
Alain Le Nouail