Pays de Morlaix. Gurval pédale contre la bronchite du fumeur

Sur son vélo à assistance électrique, Gurval Bagot sillonne la Bretagne avant un Tour de France, contre la BPCO.

Elle tue moins que le cancer du poumon mais touche bien plus de Français. Pour mieux faire connaître la BPCO, Gurval Bagot a enfourché son vélo de bataille. Il était en terre familiale, hier.

Gurval Bagot a 45 ans, mais si vous le croisez au cours de son périple sportif et lui demandez son âge, il vous dira qu'il a soufflé ses 14 bougies au début du mois.

Sans prévenir, la maladie a fait irruption dans la vie de l'ancien éducateur de voile, le 1er avril 2004. Après un pneumothorax, deux hémothorax et une opération du poumon droit, le diagnostic est posé. Les médecins décèlent une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) avec emphysème diffus.

Quatorze ans plus tard, le skipper est devenu coach puis chauffeur de car de tourisme. Chaque jour est une lutte pour « vivre le plus normalement possible ». Il faut continuer de bouger malgré l'essoufflement, la sensation d'oppression ou les pointes dans la poitrine, provoqués par la maladie qui a viré au stade 2, avec des emphysèmes plus présents.

 

Trois millions de cas en France

La volonté de Gurval Bagot est inébranlable. Avide de repousser ses limites, il se lance un pari :« Parcourir 4 000 km à vélo électrique pour faire parler de cette maladie qui touche près de trois millions de personnes, essentiellement des anciens fumeurs, et cause 18 000 décès par an, en France. »

Hier, à 400 km de son point de départ, le quadragénaire a fait une halte au centre de réhabilitation respiratoire du centre hospitalier des Pays de Morlaix (CHPM), à Plougonven, pour évoquer son challenge « À pleins poumons ».

Sur son vélo à assistance électrique, Gurval Bagot sillonne la Bretagne avant un Tour de France, contre la BPCO.
Sur son vélo à assistance électrique, Gurval Bagot sillonne la Bretagne avant un Tour de France, contre la BPCO. | Ouest-France

 

Le cycliste porte un vent d'espoir dans l'auditoire. Il y a Isabelle, rencontrée sur la page Facebook «La BPCO sportive ?» et une quinzaine d'autres malades de la BPCO. Sous assistance respiratoire ou non, au quotidien, ils prennent sur eux pour « aller chercher le journal », « aller se promener avec la famille »et « calculent la distance qui sépare leur place de parking du magasin».


Tous les 12 à 18 mois, avec l'équipe de soignants de Plougonven, ils se réentraînent à l'effort pendant près d'un mois, sur le tapis de course, les vélos, dans des exercices de gym ou lors de marches en extérieur.

 

« Une maladie qui isole »

« La lutte psychologique pour continuer à faire des efforts et à sortir pour garder une vie sociale », dont parle Gurval Bagot, ils connaissent. Son message d'espoir les booste mais le combat n'est pas gagné.

« Quand on sort d'ici, on se dit qu'on va continuer à bouger mais on ne tient pas toujours », confie l'un d'eux. « C'est quand même une maladie qui isole », poursuit un autre.

« Depuis que j'ai commencé le vélo, il y a deux ans, ma condition physique s'est améliorée alors que la maladie continue à évoluer !», les encourage le sportif de mérite. Il ne cache pas « la douleur après l'effort, mais au moins là on sait qu'on est vivant! »

Hier soir, après avoir sillonné la Voie Verte et la Vélodyssée, c'est en terre familiale, à Roscoff, qu'il a récupéré, en prenant un grand bol d'air marin. Là même où son ancêtre, le médecin Louis Bagot, a posé la première pierre de la thalassothérapie, à la fin du XIXesiècle...

 

Sur un air d'harmonica

Au départ de Courlay, dans les Deux-Sèvres où il habite, sa première boucle cycliste à travers la Bretagne, commencée samedi 7 avril, devrait s'achever mardi. Début juillet, Gurval Bagot entamera ensuite son Tour de France :« 3000km en passant par le nord de la France, Dijon, Montpellier, Toulouse, Bayonne et Bordeaux. »

Sur son vélo à assistance électrique, Gurval Bagot sillonne la Bretagne avant un Tour de France, contre la BPCO. | Ouest-France
Sur son vélo à assistance électrique, Gurval Bagot sillonne la Bretagne avant un Tour de France, contre la BPCO. | Ouest-France

Derrière son vélo électrique, 30 kg de bagages et un harmonica, instrument de prédilection dans les services de réhabilitation respiratoire. Ce n'est pas l'air qui fait la chanson, dit le proverbe. Gurval Bagot pourrait bien le faire mentir. En 2007, il a déjà enregistré un CD de chansons. Une première revanche sur la maladie qui en annonçait d'autres.


Jennifer Pinel, publié le 12 avril 2018, ouest-france.